Cinéma | -Hé Dracula, on échange ?

Publié le par Jérôme

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Twilight, True Blood, Thirst… : les vampires qui sévissent actuellement sur les écrans n’en finissent plus de s’humaniser. Ou plutôt les humains ressemblent de plus en plus à des vampires. C’est le constat sordide sur notre époque que dresse Daybreakers, satire politique à base de sang frais des frères Spierig. Dans l’œuvre fondatrice du mythe vampirique, le roman Dracula de Bram Stoker (1897), le vampire brille par son absence. Le personnage du comte Dracula, qui deviendra plus tard l’une des plus grandes stars du cinéma, n’est qu’un
« révélateur » du côté obscur des autres personnages du roman. On le devine derrière chaque paragraphe, description, allusion et pourtant, comme le détestable Sauron du Seigneur des Anneaux, on ne peut qu’imaginer les interstices où il rôde.

Des humains et du sang !

Daybreakers utilise l’exact inverse de ce procédé en imaginant la Terre, dans un futur proche, infestée de vampires à 95%. Alors que les réserves de sang – des humains en batterie – s'assèchent, rares sont les vampires des hautes sphères à vouloir consommer du sang synthétique, et laisser les humains se repeupler.
On s’aperçoit vite que les vampires ont en quelque sorte « pris la place » des humains dans ce film. Ils ne savent plus se battre, n’obéissent plus à leurs instincts mais comme une masse d’individus influençables. Les humains, en résistance, endossent naturellement le rôle des rebelles désireux de bouleverser l’ordre établi.

Attentat aux vampires ?
 
Dans cette coproduction américano-australienne, le système capitaliste et ses dérives fascisantes sont pointés du doigt. De manière un peu sommaire, certes. Mais cette inversion des rôles est une idée très astucieuse (dont je ne révèle pas tout ici), qui renouvelle le genre. Il y a aussi Ethan Hawke et Willem Dafoe, sobres et convaincants ; l’humour pince-sans-rire, les longs corridors glacés à la Bienvenue à Gattaca. Un bémol cependant : l’essoufflement assez spectaculaire du film à ses deux tiers. Y’a-t-il eu attentat de la production sur Daybreakers au montage ?





Réalisé par Michael Spierig, Peter Spierig (2009)
Avec Ethan Hawke, Sam Neill, Willem Dafoe - Durée : 1 h 38 mn.

A noter qu'une nouvelle traduction française du Dracula de Bram Stoker, bien plus fidèle au texte d'origine, vient de voir le jour, chez l'éditeur Camion Noir.

Publié dans Cinéma

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